Coureurs sur les starting blocks, nageurs sur les plots, chevaux dans la stalle, « c’est parti ! ».
Le début d’une émission TV ou radio : « c’est parti ! », une commande au resto : « c’est parti ! », le départ en vacances : « c’est parti ! » le démarrage d’une soirée, d’une fête, d’un examen, d’un contrôle fiscal ou de quoi que ce soit : « c’est parti ! ».
Bon, ça y’est, c’est parti, mais on va où ?
Pour le sport, ou les voyages c’est facile : il y a une ligne de départ et une ligne d’arrivée, une destination. Pour le reste, On sait qu’il y aura forcément une issue : le générique, l’addition, le camping, la vaisselle, l’affichage des résultats… mais on dit quoi à ce moment-là ? « Voilà, c’est fini » peut faire l’affaire, mais pas tout le temps. Quand « voilà, c’est fini », il y a forcément, un regret ou une déception, surtout si c’était « mal parti ». Dans la plupart des cas, on ne dit rien : c’est fini, c’est tout, ça va de soi, pas besoin de formuler.
« Partir c’est mourir un peu » écrivait le poète. A compter du nombre de « c’est parti ! » entendus en une journée, il est bien possible qu’on n’attende pas le soir pour être mort beaucoup.
Rondel de l’adieu
« Partir, c’est mourir un peu,
C’est mourir à ce qu’on aime :
On laisse un peu de soi-même
En toute heure et dans tout lieu.
C’est toujours le deuil d’un vœu,
Le dernier vers d’un poème ;
Partir, c’est mourir un peu.
Et l’on part, et c’est un jeu,
Et jusqu’à l’adieu suprême
C’est son âme que l’on sème,
Que l’on sème à chaque adieu…
Partir, c’est mourir un peu. »
Edmond Haraucourt
14 août 2023