A bas ce qui normal, banal, « comme d’hab » ou « RAS » ! Aujourd’hui, tout est « très très » « top », « trop top », « exceptionnel », « incroyable » et plus encore. Plus datées mais tout aussi emphatiques les utilisations de « gros ». Un lot, une affaire, un orage, un bosseur, un con ne peuvent être que gros, sauf à paraître riquiqui, et attention à ceux qui ont la grosse tête (qui sont souvent de gros bonnets) !
Le rat aperçu dans la cave, les tomates du marché, le poisson attrapé par le voisin, le cœur de cet ami si généreux sont forcément « gros comme ça ». Avec ou sans gestuelle, on comprend que c’est au moins de la taille de la sardine qui bouche le port de Marseille, à moins que ce ne soit une baleine.
Les orages de plus en plus fréquents précipitent sur nos toitures et campagnes des grêlons gros « comme des balles de ping-pong », « comme des balles de golf », « comme des œufs » (mais on ne sait pas de quel animal), « comme des balles de tennis » ou, mieux encore, « comme des boules de pétanque », d’ailleurs on l’a montré à la télé. Cette grosse arnaque, vous auriez pu l’éviter, c’était « gros comme une maison » et pourtant vous êtes tombé dans le panneau et avez donc fait une grosse connerie.
Mais prudence ! Si « plus c’est gros, plus ça passe », ça ne peut pas passer partout. Aujourd’hui, une personne n’est pas grosse : elle est en surpoids, voire obèse. D’accord pour tout exagérer voire enjoliver pour faire une grosse impression, mais attention à ne pas tomber dans la grossophobie. Souvenez vous du gnon reçu dans la cour de l’école ce jour des années 60, où vous avez traité Arthur de « gros plein de soupe » (qui, plusieurs mois plus tard et plusieurs kilos en moins est devenu premier en gym et vous a piqué votre copine, ce qui a fait de vous un gros looser).
22 juillet 2023