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Ça va perdurer ou ça va pas durer ?

Patrick De Bouter • 30 novembre 2022

Tarte à la crème du vocabulaire médiatique, le verbe « perdurer » est largement préféré à « continuer » ou tout simplement « durer ». 

C’est la preuve qu’un mot qui était qualifié jusqu’à la fin du siècle dernier dans « Le Robert illustré » de « vx » (vieux) ou « litt » (littéraire ») pourrait trouver une seconde jeunesse à l’aube du siècle suivant, donc le nôtre. En remontant encore plus loin, on ne le trouve même pas mentionné dans le Littré où seul « perdurable » - et perdurablement - était indiqué, mais comme « mot vieilli », avec tout de même cette précision quasiment extralucide : « mais qui pourrait être repris ». Quasiment seulement, car ce n’est pas l’adjectif mais le verbe qui eut l’honneur d’« être repris », « perdurable » restant dans les oubliettes, alors même qu’il aurait pu suivre le mouvement. En particulier, il aurait pu être accolé au mot « développement ». Mais non, le développement ne doit pas être perdurable, il doit se contenter d’être durable, ce qui, on va le voir plus loin, serait… préférable. 

Pourquoi « perdurer » plutôt que « durer » ? Avec une syllabe supplémentaire, cet emploi est d’autant plus étonnant que, par ailleurs, on préfère élaguer les mots plutôt que les rallonger et que l’apocope est d’usage courant, même dans notre com perso. Encore un mystère, sauf à penser que ce « per » ajoute un petit côté up to date trop tendance. 

Se pose tout de même la question du sens. Il y a une différence entre « durer » et « perdurer ». Même si durer peut prendre longtemps, une fin est envisageable au terme de la durée. Tandis que perdurer, c’est durer toujours. La nuance est de taille. 

C’est peut-être la raison pour laquelle, en cette période de confinement pour cause de coronavirus, on laisse tomber le côté tendance et on espère que « ça ne durera pas ». De fait, si l’épidémie perdurait, ce serait mauvais signe.

On remarque au passage que ce verbe « perdurer » est toujours employé à la forme affirmative. On n’entend jamais « ça perdurera pas », ce qui sonnerait un peu lourd et serait un contresens puisque quand ça perdure, c’est pour toujours. Qu’importe si en l’employant à l’affirmatif, on fait la même erreur car dans la plupart des cas, on fait référence à des situations plus ou moins momentanées. Or, à moins de suivre Woody Allen pour qui « l’éternité, c’est long, surtout à la fin », toujours, c’est vraiment toujours. 

Résumons : quand on veut faire genre, on dit que ça va perdurer, mais quand on a la trouille, on espère que ça ne durera pas. 

par Patrick De Bouter 22 août 2024
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par Patrick De Bouter 22 août 2024
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par Patrick De Bouter 7 août 2024
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par Patrick De Bouter 7 août 2024
Il a dissous ! La France est sens dessus dessous. Il a claqué tous nos sous, De son avenir on ne donne pas un sou, Les autres, pas fiers pour dix sous, Ils se sont entre-absous, Même ceux qui se dessoudaient par en dessous, Et se traitaient comme des paillassous, Ils s’affichent bras dessus bras dessous, Se font des bisous tout leur soûl, Ils en sont saouls. Mais pas chic les dessous, Pleins de vilain pissou. Pas de souci, pas de cisou ! Demain pour ceux du dessus ce serait Picsou, Et au-dessous on casserait la machine à sous, Fini les gros sous ! On compterait plus ses petits sous, Champomy et Tiramisu. Demain, pour Momo et Doudou sans le sou, On jouerait les grippe-sous, Même pas dix sous, Tous inabsous, Coup de grisou ! Le Boussou la Tmessou, A Tizi Ouzou plutôt qu’à Wissous. C’est l’opéra de sans sous. On est au 36ème dissous. 7 juillet 2024
par Patrick De Bouter 7 juin 2024
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par Patrick De Bouter 31 mai 2024
On avait déjà trè s très très, trop, super, hyper, waouh ! voire méga. N’importe quoi pouvait être qualifié d’énorme, d’incroyable, d’exceptionnel. Avec XXL Nous venons de franchir un degré supplémentaire dans l’hyperbole. Jusqu’à maintenant, XXL concernait les fringues pour les costauds, les capotes pour les prétentieux et les panneaux publicitaires pour les mégalos. Depuis peu, XXL sert aussi pour les opérations menées contre les trafiquants de drogue dans les « quartiers difficiles ». L’occasion était trop belle pour ne pas récupérer le terme et, par un phénomène de suivisme lui aussi XXL, le mettre désormais à toutes les sauces. XXL, ce n’est plus seulement la taille ou la dimension, c’est le produit. On est passé de la mensuration à l’ampleur (oui, il y a une nuance, peut-être pas XXL, mais une nuance quand même). Vive l’obésité de nos expressions quotidiennes ! Tant pis si l’arrivée de l’été correspond aux régimes minceur, mais peut-être « Comme j’aime » va-t-il bientôt nous proposer une solution XXL pour perdre du poids. Tout est possible dans cette époque d’hypertrophie à tous les étiages, même les plus contradictoires. Et après XXL ? Qu’y aura-t-il pour aller encore plus vite, plus haut, plus fort – et hop, la référence inévitable pré-J.O. -, bref plus XXL ? Pas de panique ! Il existe une taille XXXL, qui peut être prononcée 3XL pour faire plus court et qui sonne pas mal du tout. Autre avantage, la suite est ouverte pour du 4 XL puis à 5XL, 6 XL etc. Pas de limite à la surenchère ! Les Romains avaient déjà compris l’intérêt de la com, eux qui avaient créé leurs chiffres avec plein de I, de C, de V et bien sûr de X et de L. En chiffres romains, XXL, ça donnerait 10040, mais à condition de poser une barre sur le premier X, c’est-à-dire de la mettre encore plus haut que nous. Trop forts ces Romains.
par Patrick De Bouter 8 avril 2024
Il ne suffit plus d’aimer, ni d’aimer beaucoup, il faut désormais adorer. Peu importe si le verbe adorer est en principe réservé au divin. Son chat, son parfum (qui en a même le nom), la randonnée, la tartiflette ou le gaspacho (selon saison), le/la/les… (à vous de compléter), ou tout simplement « ça », on adore. « Moi je l’adore » déclarait Emmanuel Macron dans son intervention télévisée du 25 septembre 2023 ? De quoi parlait-il ? De Brigitte ? Non ! De la bagnole. Ce en qui en quoi il n’était en rien disruptif, car il faisait simplement écho à ses prédécesseurs, depuis le Général, Ce n’était pas seulement parce que celui-ci avait échappé à l’attentat du petit Clamart grâce à la réaction salutaire de son chauffeur et au blindage de sa DS 19, devenue iconique, De Gaulle n’avait aucun mal à avouer son amour de la voiture. Pour Pompidou, c’était une passion et même plus : « L’automobile est le signe de la libération de l’individu ». Sa présidence fut marquée par le « tout auto » avec la construction de nombreux axes routiers, dont l’autoroute A6 - qu’il inaugura en grande pompe et à toute allure au volant d’une R16 -, le périphérique et… les voies sur berge. La présence au salon de l’auto n’était pas seulement une obligation protocolaire, c’était un moment de plaisir. Les présidents successifs furent aussi les premiers représentants des marques françaises, même si hors représentations officielles, il leur arrivait de faire des écarts, notamment Pompidou au volant de sa Porsche 356. Les temps ont changé et il est certain que ni Anne Hidalgo ni Sandrine Rousseau ne diraient qu’elles adorent la voiture, bien au contraire : priorité aux piétons et trottinettes avec retour des piétions sur les voies sur berges, pour l’une, et condamnation de la masculinité toxique « vroum vroum » pour l’autre. Tant pis pour elles ! 89% des Français ont une opinion positive de la voiture. Leur quotidien est à l’opposé des clips publicitaires nous montrant des voitures rutilantes sur des routes miraculeusement dégagées, synonymes de liberté et de bonheur. Malgré les centaines d’heures perdues dans les bouchons et encombrements, avec crises de nerfs afférentes, la bagnole est toujours une divinité, une divinité ingrate mais on l’adore.
par Patrick De Bouter 8 septembre 2023
Nouveau paragraphe
par Patrick De Bouter 3 septembre 2023
Au siècle dernier, qu’il était doux d’évoquer les baisers volés ? Charles Trenet les associait aux rêves mouvants pour demander ce qu’il en restait, et François Truffaut leur faisait l’honneur d’une des sagas d’Antoine Doinel. Le baiser volé était porteur d’aventures amoureuses espérées. Mais était-il consenti ? Là est désormais la question à notre siècle où la contractualisation d’un rapport intime est devenue la norme. Le baiser volé du président de la fédération espagnole de football à une joueuse de l’équipe espagnole de l’équipe féminine championne du Mondial féminin ne relevait pas de la poésie mais de l’agression. Tout euphorique et furtif qu’il fut, c’était un baiser forcé. Haro sur le baiseur ! On assiste souvent au baiser donné par le capitaine de l’équipe victorieuse de rugby à XV au bouclier de Brennus, à celui donné par le vainqueur du simple messieurs des Internationaux de France de Tennis à la Coupe des Mousquetaires. Mais ce sont des objets, et pas de plainte enregistrée. Pour les effusions entre personnes, il suffit de suivre un match de foot pour voir avec quelle énergie les joueurs se jettent dans les bras des uns des autres avec force frotti-frotta après chaque but marqué. Là non plus, pas de scandale, même pas de la part des ultras pourtant habitués aux insultes envers les hommes s’adonnant en privé aux mêmes pratiques. Le fautif espagnol aurait-il eu le même geste si le destinataire de son baisé volé avait été un homme ? Sans doute pas, et c’est cette différence de traitement qui justifie la procédure disciplinaire lancée à son encontre. Depuis « me too », on ne peut plus fermer les yeux. Mais alors, quel avenir pour le baiser volé ? On ne peut pas voler impunément si c’est inapproprié. Mais dans ce qu’on appelait naguère « le flirt » puis « la drague », le baiser volé a-t-il encore sa place ? Faut-il chercher lequel des deux partenaires a été l’instigateur du vol ? S’agissait-il d’un vrai baiser, d’un simple bisou d’approche ou d’un roulage de pelle ? Combien de temps ? Avec quelle intensité ? Et quelle a été la suite, à court, moyen ou long terme ? Plusieurs années plus tard une action en justice ne risque-t-elle pas d’être intentée pour faire reconnaître que ce baiser volé était en fait un baiser non consenti, donc forcé ? Moralité : Gare à la spontanéité !
par Patrick De Bouter 26 août 2023
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